lundi 21 septembre 2009

guy david

Les « préparations biodynamiques »









La nature et l’élaboration des « préparations bio-dynamiques » doivent être sorties d’une aura ésotérique plus ou moins trouble qui peut en fasciner certains, attirés par les brumes du mystère et donner des boutons à d’autres, initiés à la rationalité pure et dure de la démarche scientifique qui, partant de l’observation, définit avec précision et objectivité les faits dits « scientifiques ». Or la pratique agricole dite « bio-dynamique » fait apparaître un certain nombre de faits objectifs qu’un véritable « esprit scientifique » ne peut pas récuser sous le prétexte qu’il ne l’explique pas.



Plaidoyer pour la reconnaissance du « fait bio-dynamique »



Emile Durkheim, au début du siècle dernier, pour constituer la sociologie comme science s’est attaché, en partant de l’observation de certains phénomènes sociaux, à définir « le fait social ». Il le présente comme une entité « sui generis », c’est-à-dire comme une totalité non réductible à la somme de ses parties. Une société, quelle qu’en soit la dimension, ne se réduit pas à la somme des individus recensés en son sein. Elle comporte des règles, des exigences morales, des représentations mentales, des sensibilités qui s’imposent à l’individu de l’extérieur, bien que, les ayant intériorisées, il ne s’en rende pas compte. Il s’agit là d’une réalité suprasensible autonome et agissante que Durkheim dénomme « âme collective » qui va influencer les comportements, les sensibilités, les créations des individus. Telle société va produire plus de suicides qu’une autre, donnera des couleurs typiques aux créations artistiques et littéraires Tous ces faits s’établissent « comme des objets », tout en témoignant d’une réalité, une « âme collective » que l’on ne peut pas connaître directement par nos sens ou les instruments qui les prolongent, mais indirectement par les effets qu’elle produit.

Cette démarche, suivie par Durkheim, pour objectiver l’étude du domaine de la sociologie peut nous servir de modèle quand on aborde le domaine de la biodynamie et plus particulièrement celui des « préparations ». Aujourd’hui, la pratique de l’Agriculture Bio-Dynamique nous conduit à la constatation objective d’un certain nombre de phénomènes qui peuvent se comprendre dans une certaine science du vivant qui définirait ce qui particularise « le fait bio-dynamique »



1er exemple :

Témoignage d’un certain Mr Karl-Ernst OSTHAUS que nous avons recueilli directement de lui, lors d’un stage VIVEA au printemps 2003. Au moment de « l’accident de Tchernobyl » il dirigeait, depuis de nombreuses années, un vaste domaine agricole en Allemagne du Nord. Avant même de connaître l’information, il fut intrigué par la coloration étrange que prenait à ce moment-là l’azur du ciel. Il donna aussitôt l’ordre de passer les 2 préparations 500 et 501

Quelques semaines plus tard, un groupe de scientifiques s’en vinrent mesurer la radioactivité sur les lieux avec 3 types d’appareils. Stupeur ! Sur le domaine elle était quasi normale alors que partout ailleurs elle était 13 fois supérieure. Invités à témoigner du fait, les hommes de science rétorquèrent : « impossible ! Personne ne nous croirait » !

Ce ne fut pas le cas des familles et de leurs enfants de la région de Tchernobyl, accompagnés de médecins et d’infirmiers, qui vinrent se faire soigner sur le domaine où l’on mit en place une structure thérapeutique.

Ayant pris sa retraite, Mr OSTHAUS assura une fonction de conseiller en Bio-Dynamie quelque part en Russie, où l’on lui demanda de dépolluer des terrains agricoles à proximité de la malheureuse centrale. Il y passa les préparations bio-dynamiques mais les résultats furent décevants.

Il considéra alors que ces préparations ne sont pas à utiliser comme des dépolluants, à la manière des détergents que l’on emploie dans le cas des « marées noires » mais plutôt comme des agents qui contribuent pour partie à faire naître et à entretenir « un organisme agricole » doué d’une peau protectrice et d’une capacité à s’auto-guérir des poisons ingérés. En Allemagne, cet organisme était bien installé et il s’était montré imperméable à la déferlante de radioactivité. En Russie la politique devait donc consister d’abord à acheter des terres, à mettre en place tous les éléments d’un domaine diversifié et d’y susciter l’émergence de cette entité dynamique agricole suprasensible, avec l’emploi des « préparations bio-dynamiques »



2ème exemple :

La maison du cochon et ses odeurs. En tant que maraicher, j’ai toujours eu au moins un cochon. C’était mon 1er assistant, consacré 24 heures sur 24 à élaborer un bon fumier pour mon compost. A moi de lui fournir toute la paille nécessaire pour assurer son confort et effectuer les bons mélanges avec les restes des repas et du jardin. Il fallait le voir se précipiter sur la botte de paille pour la déchiqueter et la répartir à pleine goulées dans l’angle choisi pour sa couche, sur le coin réservé à ses déjections et un peu partout, quitte à recouvrir son auge.

Ce bonheur s’accompagnait souvent du parfum des légumes et des herbes qui accompagnaient ses repas. Et l’abondance de litière suffisait ordinairement à neutraliser les mauvaises odeurs. Pourtant, en période chaude, il pouvait parfois se produire des émanations moins agréables. Il me suffisait alors de dynamiser pendant 20 minutes la préparation « compost de bouse » et d’en asperger la soue pour faire disparaître la pestilence

Que s’était-il passé ? La chaleur avait activé la fermentation des matières en produisant du méthane et de l’ammoniac. Et l’intervention de cette préparation pour le compost retenait à l’intérieur du fumier les gaz qui tentaient de s’en échapper. L’interprétation peut surprendre. Pour s’en convaincre examinons l’exemple suivant.



3ème exemple

Alain et ses 2 tas de fumier. 2 tas de fumier de cheval d’environ 20 m chacun. Je l’avais aidé, pour la 1ère fois, à introduire les 6 préparations pour le compost dans l’un de ces 2 tas. L’autre n’en bénéficia pas. Les 2 tas, récemment mis en place, « fumaient » avant notre intervention. Le lendemain matin, celui qui n’avait pas reçu les préparations fumait encore. L’autre retenait en lui-même son méthane et son ammoniac et 6 mois plus tard, au moment d’étendre le compost sur la terre, il présentait une maturation bien plus avancée que le tas qui n’avait pas reçu les préparations. Les composants, C, H, N, de ces 2 gaz avaient dû être bien utiles dans la transformation du fumier en humus.

Qu’il s’agisse d’un tas ou d’une couche de fumier dans une stabulation, on peut considérer que les préparations pour le compost établissent des relations entre les matières qui créent une entité nouvelle, « sui generis », c’est-à-dire une totalité non réductible à la somme de ses parties, une sorte d’organe, comme un ventre entouré d’une peau, à l’intérieur duquel s’élabore un produit nouveau.

Dans le tas qui a reçu les « préparations » les gaz, produits par la décomposition des matières, ne se sont pas échappés dans l’atmosphère. Tous leurs éléments ( C. H. N. O. ) se sont recombinés pour élaborer un nouvel humus. La transformation a pu aller jusqu’à son terme alors que les matières de l’autre tas, au bout du même temps avaient encore besoin du passage par la terre pour arriver au même résultat. (Sans parler de la dispersion dans l’atmosphère des gaz contribuant à l’effet de serre.)



Ces 3 exemples mettent en évidence des faits qui ont les caractères des « faits scientifiques » : ils sont objectifs, mesurables, reproductibles.

Point ne sera nécessaire pour autant de faire sauter une centrale nucléaire pour de nouveau en mesurer les effets sur les « domaines bio-dynamiques » ! Il y a suffisamment de centrales en France et l’agriculture bio-dynamique se pratique de plus en plus. Des mesures comparatives déjà effectuées de la radioactivité dans ces domaines et alentour semble bien confirmer les observations du 1er exemple.

Possible aussi de reproduire l’expérience sur les odeurs dans les stabulations et les soues. Mais il serait bien étonnant que cela fonctionne aussi dans les élevages industriels qui empestent l’environnement à des centaines de mètres. Il y faut un minimum de litières en proportion de la quantité de déjections produites par les animaux.

Enfin tout utilisateur des « préparations » pour le compost, dans de bonnes conditions, fait le constat de leurs effets sur la rapidité et la qualité de la transformation des matières mélangées. Cette expérience est celle qui a souvent convaincu les néophytes dans la pratique de cette agriculture.



Ces différentes observations montrent que « les préparations bio-dynamiques » ne sont pas à considérer comme des remèdes pour les plantes, comme une nouvelle pharmacopée. Ce sont des substances d’un type nouveau qui ont la capacité d’animer un tas de compost, un petit domaine familial ou un grand domaine agricole et de les constituer en mondes fermés et autonomes, délimités par une peau, une enveloppe, comme des organes, voire des organismes plus complexes, à l’intérieur desquels s’opère un métabolisme particulier.

Comme « le fait social » de Durkheim, cette réalité qui surgit ne se réduit pas à la somme de ses parties. C’est une unité vivante supérieure avec des capacités de créations et de relations d’un type nouveau. Réalités qui ne s’appréhendent pas directement par nos sens ou par les appareils qui les prolongent mais par les effets qu’elles produisent. Et c’est par une « conversation autour de l’invisible », pour reprendre ce titre d’un livre dit de vulgarisation scientifique (1), que nous pouvons établir, dans une science du vivant, ce que nous pouvons appeler « le fait bio-dynamique ». Comme « le fait social » dans la sociologie, il est de nature supra sensible.



Les enveloppes animales



Nous avons vu que l’introduction des « préparations pour le compost » dans la litière d’une soue ou dans un tas de fumier semblait avoir pour effet de retenir, à l’intérieur de la litière ou du tas, les émanations d’odeurs et de gaz. C’est comme une enveloppe qui se crée autour de cette litière ou de ce tas, en constituant une intériorité où se produisent les évolutions ultérieures



C’est à un processus de ce genre que nous collaborons en élaborant « les préparations bio-dynamiques ». Nous choisissons des substances dans le monde minéral et végétal pour les placer dans des enveloppes qui, elles, appartiennent au monde animal. Présenter ces substances et leurs enveloppes provoque toujours un choc, voire un scandale dans notre culture occidentale imprégnée de scientisme. C’est pourquoi on leur donne un numéro, à l’instar des préparations pharmaceutiques. Ce qui permet souvent de les administrer et de constater leurs effets avant de communiquer de façon crédible sur « le secret » de leur fabrication



Les cornes de vaches.

Les enveloppes des 2 premières préparations, ce sont des cornes de vaches

Au début de l’automne, on remplit ces cornes de bouse. On les enterre à une profondeur d’environ 40 cm et on les déterre au début du printemps suivant. Le produit qui en sort n’a plus la consistance ni la couleur ni l’odeur de la bouse, il se tient dans la forme de la corne, il a pris la couleur et l’odeur de l’humus. « Par 40 cm de fond », quasiment en anaérobie, une telle évolution a de quoi étonner. C’est « la bouse de corne », la préparation N° 500.

Pour l’autre préparation, la 501, ce sont des cristaux de quartz, broyés et réduits à l’état de farine que l’on introduit dans les cornes. Dans les mêmes conditions que pour la préparation 500, elles vont rester en terre du début du printemps au début de l’automne. On recueillera alors une poudre blanche : « la silice de corne ».



Si le procédé de fabrication surprend, l’utilisation du produit élaboré a des effets encore plus surprenant.

-120 grs de « bouse de corne », dilués et dynamisés dans 40 litres d’eau, puis épandus en grosses gouttes sur la terre suffiront pour un ha. On en constatera déjà les effets après quelques passages, qui se confirmeront de saisons en saisons. On observera une réanimation de la vie du sol, mesurable entre autres par une augmentation de la faune souterraine et du développement racinaire des plantes.

- 4 grs de « silice de corne » dilués et dynamisés dans 40 litres d’eau puis épandus en brouillard au-dessus du sol suffiront aussi pour un ha. Il ne s’agit pas d’un « produit de contact ». Il s’agit d’une animation de l’atmosphère, de l’air et de la lumière. On en mesure les effets par un bon développement des parties aériennes de la plante, une meilleure résistance aux « maladies » et une augmentation de la qualité de la production.



Ces résultats montrent clairement que dans le creuset des cornes et de la terre se sont élaborées 2 substances nouvelles, issues de la bouse et de la silice, mais qui sont d’une autre nature. Les vignerons, les céréaliers, les maraichers, les arboriculteurs qui ont appris à utiliser ces préparations, savent très bien que 120 grs de simple bouse ou 4 grs de simple silice, dynamisés et épandus ne produiront pas ces effets dans le sol et les plantes. Elles doivent préalablement, au sein de la corne et de la terre, opérer une métamorphose, comme la chenille dans son cocon qui devient chrysalide et papillon



La vessie de cerf, l’intestin et le mésentère de bovidé et les autres

De l’abattoir où l’on récupère les cornes, il va falloir passer chez le tripier et le charcutier pour poursuivre notre cuisine alchimique qui va encore nous confronter à des faits qu’un véritable « esprit scientifique » ne devrait pas refuser. Les « faits bio-dynamiques » décrits précédemment nous y ont préparés, mais cette fois-ci, le choix des enveloppes peut heurter les sensibilités et renvoyer à des images de sorcellerie. Voyons plutôt.

On va cueillir des fleurs d’achillée millefeuille, de matricaire camomille, de pissenlit, de valériane. On va ramasser des brassées d’ortie proches de la floraison et recueillir un frottis d’écorce de chêne. Et chacune de ces plantes, récoltée dans sa partie florale, trouvera son enveloppe animale et passera, comme les cornes, un certain temps dans la terre (sauf la valériane) : L’achillée dans une vessie de cerf, la matricaire dans un intestin de bovidé, l’écorce de chêne dans un crâne d’animal domestique et le pissenlit dans un mésentère de bovidé. Seules l’ortie et la valériane ne semblent pas en avoir puisque la 1ère est simplement placée dans la terre végétale où elle va y rester d’un printemps à l’autre et les fleurs de la 2ème vont être pressées pour en retirer un jus.

Comme pour la « bouse de corne » et la « silice de corne », ce sont leurs effets qui vont crédibiliser ces préparations. L’évolution des 2 tas de compost d’Alain, présentée plus haut, en est un exemple. Il a été convaincu de la pertinence de cette pratique, comme beaucoup d’autres avant lui. Mais comment expliquer ce qui se passe entre telle fleur et telle enveloppe ? Pourquoi 3 ou 4 fleurs introduites dans un tas de fumier n’ont aucun effet avant d’être passées par son enveloppe et par la terre ? Comment se fait-il que l’emploi de ces nouvelles substances fasse surgir de nouvelles enveloppes plus vastes au sein desquelles s’élaborent de nouvelles capacités, de nouvelles réalités ? Quelle théorie va rendre compte de tels faits ?

Cette présentation des « préparations bio-dynamiques » va se clore sur ces questions. Elles interrogent de nouveaux horizons dans le champ des connaissances. Elles doivent mobiliser les observateurs de tous poils, de l’agriculteur (2) au chercheur dit « de haut niveau ». Nous aurons à lutter contre la pression de notre « culture scientifique » qui refuse ces bizarreries : « culture scientifique », « fait social » qui s’impose à nos consciences individuelles comme « un certain état de l’âme collective » de la société occidentale à laquelle nous appartenons. Nous devons nous appuyer sur ces résistances culturelles pour les dépasser et avoir des chances de communiquer sur ces faits scientifiques nouveaux. .



Guy David, le 7 / 11 / 2008





(1) – Conversations sur l’invisible – Jean Audouze – Michel Cassé – Jean-Claude Carrière (Pocket)

(2) – Françoise nous a raconté comment Daniel, leur chef de culture, avait pu délimiter en aveugle, au rang près, la partie de leur vigne qui avait reçu la préparation 501 de celle qui ne l’avait pas reçue. Le positionnement des feuilles entre autre le lui indiquait très clairement. Nombre de vignerons bio-dynamistes ont fait cette observation sur laquelle ont pourrait s’appuyer pour l’établir en « fait scientifique ».

Les « préparations biodynamiques »

La nature et l’élaboration des « préparations bio-dynamiques » doivent être sorties d’une aura ésotérique plus ou moins trouble qui peut en fasciner certains, attirés par les brumes du mystère et donner des boutons à d’autres, initiés à la rationalité pure et dure de la démarche scientifique qui, partant de l’observation, définit avec précision et objectivité les faits dits « scientifiques ». Or la pratique agricole dite « bio-dynamique » fait apparaître un certain nombre de faits objectifs qu’un véritable « esprit scientifique » ne peut pas récuser sous le prétexte qu’il ne l’explique pas.

guy david

les preparations biodynamiques

dimanche 13 septembre 2009

premiere journée

jean pierre scherer et guy david nous ont aidés a comprendre nos sols et ameliorer nos pratiques graces aux preparations biodynamiques